Conclusion

Le slam, renouant avec une tradition orale millénaire, ramène la poésie à sa place, dans la vie de tous les jours, quitte à la rêver et à l’enchanter. Celle-ci libère les esprits et la parole, offre un canal de communication universel. Le slam s’introduit dans les écoles, auréolé d’un grand succès populaire, tout comme la chanson. Tel un cheval de Troie, il enseigne aux apprenants à considérer la langue comme un jeu rythmé de mots, à l’appréhender comme une interaction de sens et de sons, à la domestiquer dans sa globalité écrite et orale. Il les incite aussi à identifier et utiliser les règles de sa construction, quitte à en élaborer la déconstruction poétique, pour élever leur niveau personnel d’expression. La finalité de performance publique du texte donne à chacun des outils pour interagir dans l’espace public, pour exprimer l’individualité de ses idées, à l’exposer et à la confronter à l’avis des autres, comme le citoyen athénien prenant la parole dans l’agora, lieu de sa démocratie.

 

Enfin, il apprend le respect par l’écoute des autres, la solidarité par le travail en groupe et l’expression de soi par la performance. Son cheminement est parsemé de contestation, de révolte et de colère, mais aussi de plaisir et de joie : il est une pulsion créatrice, une force d’expression de soi aux autres.

Son histoire remonte aux origines du spoken word, à Athènes et Rome, à une longue lignée de raconteurs, troubadours, rappeurs et slameurs. A partir d’une oralité maladroite et mal assumée, le travail en ateliers pose des exigences : lire et écouter des documents écrits et oraux, comprendre les mécanismes de la langue, collaborer et écrire des textes, et enfin jouer son texte pour le dire en public.

 

À titre personnel, cette expérience m’a appris à m’effacer derrière la fonction, à être une médiatrice entre l’apprenant et l’objet d’apprentissage, plutôt qu’une actrice. En outre, je ne puis passer à côté de cette (nouvelle) certitude : l’école n’existe pas pour perpétuer sa propre existence et l’institutionnaliser de façon immuable. Elle n’est pas son propre objectif. Elle est un passage, un couloir, large et confortable pour certains privilégiés, étroit et effrayant pour d’autres, tracé par notre civilisation entre la famille et la société. Elle formate, soit ! Comme toute éducation.

 

Mais si la démocratie a supprimé les serrures qui limitaient l’accès à l’éducation scolaire, pour la rendre accessible à tous, elle ne possède cependant pas les moyens de donner à tous l’égalité des chances et d’en sortir avec les clés de l’ascenseur social. Au fronton de l’école primaire, la devise « lire et écrire ». Poursuivons la mission à l’école secondaire. Préparons nos élèves, en tant que citoyens, à « dire ». 

 

Pour plus d'informations concernant le mouvement slam : 

 

Mouvement slam 

 

Pour plus d'informations sur la mise en place d'une séquence slam à l'école ainsi que plusieurs exploitations pédagogiques  :

 

Slam à l'école 


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